Bénévolat

« Construire, transmettre, s’entraider » : le Rwanda selon Étienne président de L’Appel Rwanda

Depuis plus de vingt ans, L’Appel travaille aux côtés de son partenaire rwandais, L’APPEL Rwanda, pour améliorer les conditions de vie des enfants et des familles les plus vulnérables dans le district de Gicumbi. Ensemble, nous avons construit une relation de confiance et d’engagement mutuel. Étienne, président de L’Appel Rwanda, revient sur cette histoire commune et sur les premières étapes de l’association.

Grandir avec l’association, jour après jour

« Je suis aux côtés de L’APPEL Rwanda depuis sa création », confie Étienne. Quand il parle de l’impact du partenariat avec L’Appel, il revient toujours aux familles. Avant, elles vivaient dans une précarité profonde, aggravée par les conséquences du génocide et de la guerre de libération. Les enfants, même si l’école primaire était gratuite, n’avaient souvent pas de matériel et ne pouvaient pas étudier. « Les élèves pauvres ont pu aller à l’école grâce à notre soutien et celui de L’Appel ». Les veuves et les orphelins ont quant à eux pu bénéficier de maisons, ce qui les a sortis de l’extrême pauvreté. Aujourd’hui, 400 filleuls ont terminé leurs études, 200 maisons ont été construites, soit près de 800 personnes accompagnées en 20 ans. Étienne garde en mémoire les mots souvent répétés par les bénéficiaires : « Nous savions d’où nous venions, mais maintenant nous savons où nous sommes, et nous savons où nous serons».

Le président de L'Appel Rwanda

Etienne Bakweli lors de l’inauguration d’un réseau d’eau par L’Appel et L’Appel Rwanda en août 2025

Faire naître un sentiment d’appartenance et une nouvelle manière d’aider

Au fil des années, une nouvelle question s’est imposée : comment continuer à accompagner les anciens bénéficiaires, une fois les études terminées ? Étienne raconte comment l’équipe a alors imaginé un nouveau fonctionnement : inviter ces jeunes devenus adultes à participer à la vie de l’association. « Nous voulons faire de L’Appel Rwanda une famille d’entraide », dit-il. La réponse des anciens a été immédiate. Beaucoup d’anciens filleuls souhaitent revenir aider bénévolement, notamment pour des projets de promotion culturelle. Certains sont formés en électricité, informatique ou d’autres domaines et veulent que les actions de L’Appel Rwanda soient réalisées par « les gens formés par L’Appel Rwanda ». Ce sentiment d’appartenance, Étienne y tient particulièrement : « Ils sont les nôtres, comme on dit au Rwanda ».

Changer les mentalités pour construire l’autonomie

L’équipe de L’Appel Rwanda avec les filleuls

Il se souvient des débuts, lorsque l’association, bien qu’officiellement reconnue en août 2004 par un certificat délivré par l’ancienne Mairie de Byumba, travaillait encore sans personnalité juridique. Ce certificat suffisait pour mener des actions et, chaque année, L’APPEL Rwanda recevait du District de Gicumbi des certificats de bonne collaboration. Mais pour exister pleinement aux yeux de la loi, il fallait obtenir la personnalité juridique : « être une personne morale autorisée à défendre ses droits », dit-il. C’est sur la base de ces certificats de bonne collaboration que l’association a pu déposer sa demande.

À partir de là, l’organisation a été scrutée par l’État, via le Rwanda Governance Board (RGB), chargé de vérifier le respect des statuts et des engagements. « Au Rwanda, une organisation peut travailler pour le bien de la population sans personnalité juridique ; elle peut même embaucher. Mais comme c’est une obligation d’obtenir cette reconnaissance, il faut bien travailler pour la mériter. Nous aussi, nous y sommes parvenus après beaucoup d’efforts », explique Étienne. Cette étape marque un véritable tournant dans l’histoire de l’association.

Dans son rôle de président, Étienne a tenté de faire évoluer la manière dont les gens perçoivent l’association. « Au début, beaucoup pensaient que L’Appel venait pour donner. J’ai expliqué qu’il fallait changer cette façon de voir les choses : on vient donner aussi ». Il insiste sur l’importance du bénévolat, du fait d’être acteur et non seulement bénéficiaire. Le partenariat avec L’Appel a également permis de structurer l’organisation : passer d’un seul secrétaire exécutif à la création d’un poste de directeur, moderniser les statuts, améliorer la manière de travailler. Aujourd’hui, l’organisation est reconnue par les autorités, régulièrement visitée, citée comme l’une de celles qui travaillent bien. Étienne résume simplement : « Nous sommes capables de mobiliser la population, de contribuer localement. Nous ne sommes plus une note de bas de page [rires] ».