Prévention des grossesses précoces
Projet "Tu décides"
Au Salvador, la religion imprègne profondément la vie de la majorité de la population, influençant fortement les mœurs et rendant certains sujets – tels que la contraception des adolescents, l’interruption volontaire de grossesse ou l’utilisation du préservatif – particulièrement tabous.
En 2010, nous avons constaté que ces tabous et l’usage, trop rare, du préservatif avaient des conséquences graves sur la santé publique :
- D’une part, cela favorisait la propagation du VIH/Sida.
- D’autre part, les adolescentes enceintes, souvent rejetées par leur famille et sans alternatives viables, se retrouvaient dans la rue, vulnérables. Elles finissaient par alimenter, malgré elles, les réseaux de prostitution.
Face à cette situation préoccupante, et en partenariat avec des ONG salvadoriennes, L’Appel — présente au Salvador depuis 1986, dans les quartiers pauvres de San Salvador et les zones rurales notamment — a soutenu les jeunes dans un projet de lutte contre les grossesses précoces. Notre action fut double : préventive et réparatrice.
Prévenir et accompagner
- Agir en amont, avec la prévention :
Depuis 2010, nous avons mené des campagnes d’information et organisé des réunions thématiques dans les écoles et les foyers ruraux, à destination des adolescents – filles et garçons – autour des questions liées à la sexualité, à la contraception, à la protection lors des rapports sexuels, et aux risques de maladies sexuellement transmissibles (notamment le VIH/Sida). - Agir en aval, en accompagnant :
Nous avons mis en place des espaces d’accueil pour les jeunes filles enceintes rejetées par leur entourage, ainsi que des crèches ou des garderies pour leurs enfants. Ces dispositifs permettent aux jeunes mères de bénéficier d’un accompagnement dans leur parcours de réinsertion scolaire, de formation professionnelle et d’intégration dans le monde du travail et dans la société.
Témoignages
Ernesto Salazar :
« Tu décides a changé ma vie, parce qu’aujourd’hui, je suis une personne qui réfléchit à ce qui se passe autour de moi. Grâce aux ateliers, j’agis désormais en m’appuyant sur les informations et les connaissances que j’ai acquises. Je les partage avec mes camarades, dans la communauté, et surtout au sein de ma famille.
Avec Tu décides, nous avons une mission : commencer par changer nos relations dans nos familles, puis élargir notre action pour transformer la société dans laquelle nous vivons, afin de sortir de cette culture machiste dans laquelle nous baignons.
Nous avons appris que les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes droits. »
Joseline Aguilar :
« Tu décides, je le vois comme un espace où nous pouvons apprendre ensemble, entre jeunes. Pour moi, c’est un lieu qui me permet de me sentir libre, sans être jugée ni stigmatisée.
Ce projet devrait continuer à former d’autres adolescentes et adolescents, afin que ce groupe grandisse et que les connaissances acquises ne restent pas entre les mains de quelques-uns, mais puissent atteindre plus de jeunes dans toute la ville. »
Glenda Flores :
« Quand j’ai commencé Tu décides, j’étais timide, je ne parlais à personne, je me contentais d’écouter. Je n’avais pas d’opinion. Mais après ces années passées au sein de la collectivité, je m’exprime mieux : je parle, je réfléchis, et je partage mes connaissances avec d’autres amis et amies, aussi bien dans mon lieu d’études que dans la communauté.
Tous les sujets abordés sont très importants, mais celui qui me touche le plus est celui du machisme. Ce thème m’a poussée à remettre en question des comportements que je considérais comme normaux, car nous grandissons dans un environnement sexiste. Je me suis rendu compte que certaines phrases et certaines actions nous discriminent, nous les femmes, dès l’enfance : quand on m’a dit, par exemple, que je devais jouer à la poupée ou à la cuisine parce que je suis une fille, tandis que les garçons jouent aux voitures ; que les garçons peuvent sortir avec leurs amis, mais que moi, en tant que fille, je dois rester enfermée à la maison.
J’aime continuer à faire partie de cette collectivité, car chaque jour, j’y apprends énormément.»
Le Salvador reste parmi les 50 pays au monde les plus touchés par les grossesses chez les filles de 10 à 19 ans (classement sur 236 pays) :
–> 10 352 grossesses précoces enregistrées en 2022, soit une baisse de 16 % par rapport à 2021.
–> Évolution des taux de grossesse précoce (2015–2022) :
– Chez les filles de 10 à 14 ans : -59,6 %
– Chez les adolescentes de 15 à 19 ans : -48,5 % → 35,4 %
Source : UNFPA, Ministère de la Santé du Salvador _2022